Le gouvernement congolais a récemment manifesté son intérêt pour les cryptomonnaies et la blockchain, déclenchant des préoccupations au sein de la population. Alors que la République Démocratique du Congo (RDC) est encore aux prises avec des défis liés à la fracture numérique, cette soudaine attention pour les cryptomonnaies suscite des interrogations sur les implications économiques, légales, éthiques et technologiques de cette technologie émergente dans le pays.
La situation de la fracture numérique
Pour comprendre le contexte, il est essentiel de noter que la RDC connaît un accès limité à Internet, avec seulement 17,6 % de sa population connectée. De plus, un faible taux d'acculturation numérique est observé dans le pays. Selon une enquête menée en 2021, près de la moitié des Congolais (49,9 %) ne possèdent pas de smartphone, un outil essentiel pour accéder aux services basés sur la technologie blockchain. Il est donc légitime de se demander si l'intérêt soudain du gouvernement pour les cryptomonnaies est prématuré étant donné que la RDC n'a pas encore résolu ses problèmes de fracture numérique.
L'intention de devenir un levier d'intégration
Le ministère du numérique justifie cette démarche en intégrant cette initiative dans le cadre du « Plan national du numérique, horizon 2025 », un programme ambitieux visant à faire du numérique un moteur d'intégration, de bonne gouvernance, de croissance économique et de progrès en RDC. Toutefois, certains experts estiment que le gouvernement adopte une approche imprudente compte tenu de la faible connectivité et de l'acculturation numérique limitée de la population.
Défis de réglementation
Un autre facteur préoccupant est l'absence de réglementation sur les cryptomonnaies en RDC. Cette technologie évolutive échappe au contrôle des États et des autorités de régulation financière, créant un vide légal qui peut avoir des conséquences imprévisibles. Le ministère du numérique a cherché à combler ce vide en travaillant avec des acteurs du secteur, notamment la firme blockchain The open network (TON), pour réglementer les cryptomonnaies en RDC. Cependant, aucune annonce officielle n'a encore été faite sur les progrès accomplis dans ce domaine.
Volatilité des cryptomonnaies
L'intérêt pour les cryptomonnaies en tant que composante de l'écosystème financier du pays suscite également des inquiétudes. Les cryptomonnaies sont connues pour leur volatilité, avec des variations de prix significatives en peu de temps. Les investisseurs sans connaissance approfondie de la technologie blockchain sont particulièrement exposés aux risques financiers. Par exemple, le prix du Bitcoin a chuté de 72 % entre novembre 2021 et aujourd'hui en raison de la spéculation et du manque de compréhension de la technologie.
Solutions proposées
Face à ces préoccupations, certains experts suggèrent des approches alternatives. Roger Cibangala recommande de miser sur la formation en trading pour favoriser l'investissement dans les marchés financiers traditionnels, car cela pourrait être une innovation numérique plus sûre. Eric Patrick Diby encourage l'exploration de la technologie blockchain et des actifs numériques pour créer une monnaie virtuelle (stablecoin) au sein du système bancaire. Cette monnaie virtuelle faciliterait l'inclusion financière, la traçabilité, la rapidité des transactions et les échanges internationaux.
En fin de compte, le défi pour la RDC réside dans la recherche d'un équilibre entre l'adoption de la technologie blockchain et la protection des investisseurs et de l'économie du pays. La question demeure de savoir si le pays est prêt à relever ce défi et à saisir les opportunités offertes par les cryptomonnaies tout en minimisant les risques.
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